Qui est Abdoulaye Badji, président de la Commission de discipline de l’Apr ?

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Membre fondateur de l’Alliance pour la République (Apr), ministre-conseiller du chef de l’Etat, trésorier général du parti, Abdoulaye Badji est un homme de confiance de Macky Sall qui travaille à ses côtés depuis plus de 20 ans. Le bourreau de Moustapha Diakhaté serait un homme froid qui ignore la compromission.

Dans la Commission de discipline de l’Alliance pour la République (Apr), il y a une parallèle et des opposés. Si Abdou Mbow et Benoît Sambou sont connus pour leur côté plus ou moins diplomate, Abdoulaye Badji, lui, est l’anté-Mbaye Ndiaye, réputé être un homme de consensus. Le président de la Commission de discipline de l’Apr serait un «monstre froid». Un condensé de rigueur et de zèle. La preuve par la rapidité avec laquelle il a matérialisé l’exclusion de Moustapha Diakhaté. Ce lundi 20 janvier, Macky Sall qui séjourne à Londres (Angleterre), le câble au téléphone. Le patron de l’Apr lui demande de statuer sur les cas des «fauteurs de trouble» dans le parti et si besoin de sanctionner. A la minute près, Badji déclenche la procédure avec ses collaborateurs et «coupe la tête» de l’ancien chef de Cabinet du président de la République le lendemain (mardi, Ndlr). «La promptitude de son œuvre ne reflète que sa nature», souffle une de ses connaissances et camarade de parti. Dans son entourage, le ministre-conseiller personnel du Président Sall depuis 2018 est peint comme un homme «très exigeant, un stratège zélé». Badji a une réputation de personne intraitable, difficilement maniable et sans compromission. Avec des attitudes qui frisent parfois la dictature. «Il ne négocie pas, je dirais même qu’il est dictateur dans ses décisions», lui colle une de nos sources. Mais c’est ce caractère qui fascine Macky Sall chez lui. Au point de lui donner carte blanche pour veiller sur la discipline dans les rangs de l’Apr. Une tâche qu’on ne confierait pas à n’importe quel militant.

Compagnon de «guerre» de Macky Sall

Militant de la première heure de l’Apr, le natif de Thionck Essyl, commune dans laquelle il a fait ses études primaires, a su cultiver un  rapport de confiance avec le chef de l’Etat au fil des années. Abdoulaye Badji, peu connu du grand public, chemine pourtant avec le Président Sall dans l’ombre depuis plus d’une dizaine d’années. De chef de Cabinet au ministère des Mines, de l’énergie de l’hydraulique (2002-2003) à la Primature en 2004, en passant par le titre de premier chargé de mission du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales (2003-2004). Après l’élection de Macky Sall en 2012, il revient dans les affaires comme chef de Cabinet du président de la République. Cette fois-ci avec rang de ministre. Poste auquel il a été remplacé par Moustapha Diakhaté. «J’ai intégré le Pds en octobre 1974, parti que j’ai quitté en même temps que le Président Macky Sall pour l’accompagner. Nous avons créé ensemble l’Apr», affirme-t-il.

C’est en 1998 que les deux hommes se découvrent d’atomes crochus au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). «Il y a toujours eu une confiance et une estime réciproque», déclare ce spécialiste en gestion des projets. Sa proximité, sa loyauté, sa ténacité avec le Président de l’Apr lui donnaient le meilleur profil quand il a fallu trouver un homme rompu à la tâche pour se charger de la conception des statuts et règlement intérieur de l’Apr. Mais aussi gérer la fortune du parti. Abdoulaye Badji est aussi «l’homme de base» qui a fait pénétrer l’Apr en Casamance.

«Rigoureux, homme de détails et de principes»

Très à cheval sur ses principes, son honnêteté est aussi vantée. L’adjoint de Badji dans la coordination départementale de Benno bokk yakaar (Bby) rabâche l’abnégation de l’homme, sa persévérance et le décrit comme un collaborateur pointilleux. «Nous partageons le bilan financier et évaluons ensemble nos activités politiques. Après chaque campagne électorale, nous présentons les comptes», explique Ernest Abou Sambou. Luc Sarr, conseiller politique du Président Sall et membre du Secrétariat exécutif de l’Apr, le décrit comme un homme «très affable et socialement très équilibré». Mais la courtoisie dont il fait montre cache mal sa rigidité dans le verbe. De par un excès de franchise, Badji, archiviste à la base sorti de l’École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes (Ebad) en 1980 deux années après son diplôme de Bac littéraire Mention «Assez Bien», pêche souvent dans le discours, dit-on. Et c’est le reproche qui est unanimement fait à cet ancien pensionnaire du Lycée Djinabo de Ziguinchor. «Il a un discours franc et sincère auquel on n’est pas habitué en politique. Et en politique, on peut dire que c’est un défaut», précise Ernest Abou Sambou, par ailleurs Secrétaire général de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac). Un défaut qui crée certains ennemis au maîtrisard de la première promotion (2003) de la filière Gestion des entreprises et autres organisations du Cesag avec la mention «Assez Bien». «Je dirais même que Abdoulaye Badji est à l’origine de la montée en puissance de Ousmane Sonko dans le département de Bignona, car il n’écoute personne. Et ne fait rien pour la promotion des cadres du département de Bignona», affirme une de ses connaissances qui témoigne à visage couvert. Le ministre-conseiller personnel de Macky Sall gagnerait à corriger ces imperfections. Revoir sa communication qui fâche souvent, conseille Sambou. Ce qui est pris pour défaut chez-lui ne l’est pas forcément pour lui. «J’essaie de bien faire mon travail dans la mesure du possible, répond-il. Je n’ai pas grandi dans la triche. Je cherche à rester dans la droiture. Je ne pense pas que cela soit un défaut. Je reste constamment moi-même. Je n’emprunte pas des visages.»

AIDA COUMBA DIOP

 

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