Tout de blanc vêtu, le jeune Saer Kébé s’est présenté, ce mercredi matin, à la barre de la Chambre criminelle. Après quatre ans de détention préventive, l’étudiant, est jugé pour apologie au terrorisme. Il a été arrêté suite à une publication sur Facebook pour annoncer des attentats au niveau des ambassades d’Israël et des Etats-Unis au Sénégal. « Nous préparons des attentats contre l’ambassade d’Israël au Sénégal et l’ambassade des Etats Unis. Vous subirez de lourdes pertes » ! Le message avait été envoyé sur les pages officielles des deux ambassades établies au Sénégal. Saer Kébé envoie un message à la Radio panafricaine « West-Africain Démocraty Radio » pour les informer que des attaques seront perpétrés à l’ambassade de l’Israël « le mois prochain » pour défendre le peuple palestinien. Pour donner plus portée à ses publications, il envoie tous les messages à l’armée israélienne.
Prenant au sérieux les publications du jeune homme, l’ambassadeur des Etats- Unis dépose une plainte. L’élève en classe de Terminale à l’époque, a été arrêté. Devant le prétoire, l’accusé, la voix peu audible, nie les faits qui lui sont reprochés même s’il admet avoir fait les publications pour défendre le peuple palestinien. « J’étais choqué par les milliers d’enfants et femmes enceintes qui ont été massacrés par les armées israélienne et américaine. C’est suite à un exposé que je préparais que j’appris que ce sont les Etats-Unis qui aidaient l’Israël à détruire la Palestine. Je voulais dénoncer l’injustice », a-t-il déclaré pour justifier ses posts sur Facebook.
Mais, pour le juge, il est loin d’être innocent dans cette affaire. « Vous suivez l’actualité internationale, vous faites des recherches sur tout. Cela veut dire que vous savez ce que vous faites. Mais, ce que vous refusez de dire au tribunal, c’est le but que vous recherchiez », a fait remarquer le président de la chambre avant de demander à l’accusé s’il peut décrire les images d’un attentat. « Ce sont des images atroces », rétorque Saer Kébé qui, sur certaines questions, préfère garder le silence. Interpellé sur l’affiche trouvée dans sa chambre sur laquelle il a écrit « Vivre pour Dieu, mourir pour Dieu », Saer Kébé a soutenu qu’il ne s’en souvient plus. Concernant son pseudonyme « Saer Ben Kébé Al Hatem », il a indiqué que c’est l’un de ses camarades de classe qui le lui a donné.
A la question de savoir si les Américains qui l’ont dénoncé n’ont pas raison, l’accusé répond par l’affirmative avant de faire savoir qu’il ne pensait pas que ses publications auraient une telle portée. « On ne joue pas avec des choses aussi sérieuses. Ceux qui sont victimes d’attentat ne sont pas en train de jouer. Vous passez à longueur de journée à menacer. Vous êtes sur la corde raide de la radicalisation », indique le juge. Sur ces propos du juge, l’accusé déclare qu’il regrette son acte. « Je regrette mon acte. Je n’aurai jamais dû faire de telles publications. J’étais en colère face aux atrocités commises sur le peuple palestinien. J’avais 20 ans à l’époque et je n’étais pas conscient mes actes »