Un rapport de l’ONU pointe encore du doigt l’implication étrangère en Libye

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Des mercenaires d’agences de sécurité privées avec siège aux Emirats arabes unis se sont rendus à Benghazi, avant d’annuler leur mission. Ils entendaient soutenir le maréchal Haftar contre son rival al-Sarraj.

Une guerre par procuration menée par des mercernaires étrangers en Libye?

Le rapport confidentiel de l’ONU que s’est procuré dpa, l’agence de presse allemande, retrace en 80 pages une mission secrète d’agences de sécurité privées conduite à Benghazi, une ville sous contrôle du maréchal khalifa haftar .

En juin 2019, vingt personnes embarquent dans un avion-cargo à Amman, la capitale jordanienne, direction Bengazi.

Ces hommes, selon dpa, viennent d’Australie, de France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de Malte et d’Afrique du Sud.

Une guerre par procuration

Ces personnes devraient mener des « études géophysiques et hyper spectrales » au nom de la Jordanie. C’était pour détourner l’attention, affirment les experts de l’Onu.

La fumée au-dessus de Tripoli après une offensive des troupes du maréchal HaftarLa fumée au-dessus de Tripoli après une offensive des troupes du maréchal Haftar

La mission aurait été conduite par des agences de sécurité qui ont leur siège aux Emirats arabes unis, un pays qui soutient Khalifa Haftar.

Depuis 2014, la Libye est le théâtre d’une guerre par procuration . Mais il faut faire très attention de ne pas tomber dans une vision simpliste des soutiens aux deux camps libyens, selon Roumania Ougartschaska, spécialiste de la Libye :

« La Russie n’est pas forcément dans un camp, comme les États-Unis ne sont pas forcément dans le camp adverse. Au sol, ce ne sont ni les forces russes, ni des forces turques, ni des forces américaines. Ceux qui ont véritablement des unités au sol sont des sociétés militaires privées. »

Mme Ougartschaska soutient par exemple qu’en Russie et aux Etats-Unis, deux administrations distinctes du même pays soutiennent un camp contre l’autre en Libye.

Une avancée du GNA ?

Selon dpa, l’opération mise sur pieds visait à attaquer des bateaux turcs soutiens de Fayez al-Sarraj, président du Gouvernement d’union nationale (GNA), à l’ouest, rival de Khalifa Haftar qui contrôle l’est du pays.

Fayez al-Sarraj dirige le gouvernement reconnu par la communauté internationaleFayez al-Sarraj dirige le gouvernement reconnu par la communauté internationale

Mais celle-ci n’a pas été conduite jusqu’au bout, les vingt mercenaires, présentés comme des travailleurs dans le domaine du pétrole, ayant quitté la Libye à cause de l’insécurité actuelle.

Mardi (12.05.20), le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, accusait les Emirats arabes unis de « semer le chaos » en Libye.

Pourtant, grâce à la Turquie, depuis quelques mois, le Gouvernement d’union nationale inflige des échecs à Khalifa Haftar. Roumania Ougartschaska constate aussi des victoires du camp al-Sarraj sur les troupes fidèles à Haftar :

« Clairement sur le territoire, oui, le terrain est occupé majoritairement par l’armée. Mais si on regarde du côté de l’équipement de pointe militaire, c’est plutôt le côté GNA, avec l’équipement turc, qui semble en ce moment en train de renverser cette situation. »

Samedi (23.05.20), des forces fidèles à Fayez al-Sarraj ont ainsi repris au maréchal Haftar trois camps militaires au sud de Tripoli.

Depuis l’offensive du maréchal, on enregistre des centaines de morts et la fuite de quelque 200.000 personnes. Des tirs et des explosions ont encore été entendus ces dernières heures dans la capitale libyenne.

 

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