VELINGARA – Sans marché pour écouler leur oignon : Le roi de la banane essuie les larmes des femmes du Pathiana

0 17

Elles sont 200 femmes productrices d’oignons dans la région du Pathiana, correspondant à la commune de Pakour au Centre-Est du département de Vélingara, qui, faute de marché, ne savaient que faire de cette production déjà mise en sac. L’espoir est venu du conseiller spécial du chef de l’Etat, magnat de la banane au Sénégal, qui a pris l’engagement de la leur acheter entièrement. Séchant ainsi leurs larmes de désespoir.

Il était au début du projet. Il se présente à la fin pour rassurer les 200 femmes des villages de Manato et de Diaocounda, commune de Pakour, qui avaient exploité 8 ha d’oignon et qui, faute de marché, ne savaient que faire de cette production dont la récolte a démarré en début de semaine. Mamadou Oumar Sall, magnat de la production de banane au Sénégal, a pris l’engagement d’en acheter la totalité et de gracieusement la redistribuer aux nécessiteux de sa zone d’intervention.
Mardi passé, les opérations de pesage ont démarré au moment où certaines femmes, en compagnie de leurs époux ou enfants, continuaient à déterrer les légumes. Mamadou Oumar Sall, accueilli en héros à cet endroit, où il a été vilipendé et voué aux gémonies il y a 2 ans, a déclaré : «La production d’oignons est arrivée à maturité au moment où tous les marchés (hebdomadaires) sont suspendus, les cérémonies familiales, grandes occasions de consommation de l’oignon, sont différées ou célébrées dans la sobriété, à cause de la prévalence du coronavirus. C’est pourquoi le Gie Yellitaare, dont je suis le Pdg, a décidé de soutenir ces productrices, en achetant toute la production pour que leurs efforts ne soient pas vains. Ensuite, nous avons décidé d’offrir gratuitement les légumes aux nécessiteux de nos zones d’intervention, dans les départements de Kédougou, Tambacounda et Vélingara.»
Lesdites productrices sont des femmes des villages de Manato et de Diaocounda, riverains de son périmètre de banane de 200 ha, auxquelles il a donné l’opportunité d’exploiter dans la bananeraie 8 ha en oignons. Généreux, il leur a fourni semences, eau, fertilisants et sacs. Quid de la production attendue ? Mamadou Oumar Sall déclare : «L’an dernier, elles ont fait 10 t à l’ha. Le rendement à l’hectare oscille entre 10 et 15 tonnes. Faites vos calculs ! J’ai décidé de les accompagner pendant trois ans. Après, elles auront assez de moyens pour poursuivre le travail par leurs propres moyens», a-t-il noté. Pas moins de 80 tonnes sont attendues dans ce périmètre du Pathiana (nom de la province) et qui devraient s’écouler entre 175 et 200F le kg.

1 000 ha, 1 000 problèmes
La réconciliation est consommée entre Mamadou Oumar Sall et les populations de cette partie de la commune de Pakour, département de Vélingara. Qui aurait cru, il y a 2 ans, que le producteur de bananes serait un jour accueilli en sauveur dans ces villages qui jouxtent le Kayanga, le confluent du fleuve Gambie ? Et qu’une bananeraie allait prendre pacifiquement pied ici ? La pépinière est déjà mise en place. 150 ouvriers, dans leur grande majorité, Maliens et Burkinabè, sont à la tâche sur 200 ha pour arroser, entretenir les jeunes pousses de banane et préparer le sol, ou encore ouvrir les vannes pour l’arrosage. «Les semences sont importées de France et d’Israël», a informé Mamadou Oumar Sall. Et pourtant, que de difficultés pour le démarrage de ces installations !
Mamadou Sall raconte les péripéties de la mise en place de ce périmètre de 200ha entièrement clôturé, avec une ouverture sur le fleuve : «En 2016, le Conseil municipal m’a attribué 1 000 ha de terres le long du cours d’eau. J’ai pris l’engagement devant les autorités municipales d’alléger les travaux ménagers des femmes, de les aider à faire du maraîchage, de construire un poste de santé et de construire des pistes de production. Un an après, quand j’ai commencé les travaux de défrichage, des groupes de personnes ont menacé de mort mes ouvriers, arguant que la terre leur appartenait. Les négociations ne les ayant pas calmés, nous sommes allés en procès et j’ai remporté. Eux n’avaient aucune preuve que la terre leur appartenait et moi j’en ai fourni. Mais tout cela est derrière nous maintenant. J’ai réalisé une partie des promesses. J’ai mis un moulin à Manato et un autre à Diaocounda et les femmes ont fait du maraîchage. Pour la piste, avant les premières récoltes de banane, elle sera prête. Vos voyez ces amas de gravillons.»
Il poursuit : «Je n’ai pas renoncé aux 1 000 ha. Je vais les exploiter au fur et à mesure que le projet va avancer, même si je vais laisser des espaces pour l’accès à l’eau des personnes et du bétail. De plus, certaines parties sont impropres à l’agriculture. Tout village qui se rapproche de mon exploitation va bénéficier des mêmes avantages que Diaocounda et Manato.» L’objectif de M. Sall est d’assurer l’autosuffisance en bananes du Sénégal. «Le Sénégal a un besoin en bananes de 55 mille tonnes par an. Nous en produisons annuellement 38 mille t. Ce nouveau projet s’inscrit dans l’objectif de combler le gap.»
En août 2018, la tension était vive entre Mamadou Sall et le Collectif des villages riverains du Kayanga que sont Sinthiang Fally, Saré Yéro Diao, Saliya, Manato, Thiéwy Bessy Samba, Sinthiang Téning, Sinthiang Madia, Anambé Couta, et Diaocounda. Des jeunes avaient voulu empêcher les engins du promoteur Mamadou Sall qui étaient en train d’abattre des arbres entre leurs villages et le cours d’eau de s’approprier les 1 000 ha attribués par le Conseil municipal dirigé par le maire Diarga Sané et son équipe. Ils arguaient qu’avec le projet de M. Sall, 10 villages n’auraient pas accès au fleuve, leur unique source de vie, pour la pêche, le breuvage des animaux et le maraîchage. 10 jeunes du village avaient d’ailleurs été mis aux arrêts, déférés au Parquet avant d’être jugés et libérés le 25 avril 2019.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.