Covid-19: « Demain, il sera trop tard » ( Pr Mary Teuw Niane)

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Demain, il sera trop tard
Raisonnons, j’oubliais que nous sommes dans un pays où beaucoup de personnes ne raisonnent plus ! Alors pensons mathématiquement !
Jusqu’à présent nous avons eu malheureusement six décès, paix à leur âme. Une (1) femme pour cinq (5) hommes : la règle vérifiée ailleurs est respectée aussi chez nous.
L’âge des personnes décédées : la femme avait 56 ans, les âges des cinq hommes décédés varient entre 63 ans et 75 ans (63, 68, 68, 74, 75). Les personnes décédées sont dans la tranche d’âge des personnes ayant plus de cinquante cinq (55) ans. Cette tranche d’âge, d’après les statistiques de 2016, représente 6.86% de la population. Même si les nombres sont faibles, ces données montrent en les rapportant à la jeunesse de notre population que c’est la tranche d’âge des plus vieilles personnes rapportées à l’espérance de vie du Sénégal qui est la plus inquiétée par le risque de décès du corona virus covid19 . Cette population est relativement jeune par rapport aux populations de la même tranche d’âge en Europe et aux USA.
Notre stratégie semble fonctionner jusqu’à ces derniers jours où les cas suspects,  issus de cas communautaires ou de cas contacts incontrôlés, ne connaissent un bond effrayant en nombre mais aussi dans de nouvelles localités.
Notre stratégie semble reposer sur un dispositif qui est sa force mais qui, comme tout dispositif, est aussi sa limite. Nous avons trois éléments :
– les centres d’isolements des personnes ayant eu des contacts avec une personne infectée. Ces centres d’isolement n’auront pas la capacité de confiner tous les cas suspects si ce nombre explose.
– les lieux d’hospitalisation pour les malades n’ayant pas atteint le stade de la réanimation. Tout le monde comprend que ces lits sont aussi en nombre limité. Si le nombre de malades augmente trop rapidement, il n’y aura plus assez de lits d’hospitalisation.
– Les centres de réanimation pour les malades ayant besoin de respirateurs artificiels. Là la limitation est encore beaucoup plus forte : une centaine de lit ?
Dans ces conditions, les personnes qui prennent le risque de propager la maladie par négligence, par inconscience ou par irresponsabilité, ne font en réalité que ce qu’elles ont l’habitude de faire en temps normal, ce qui est inadmissible ! En cette période de crise, comme d’ailleurs en temps normal, ces attitudes doivent être bannies et sanctionnées.
Ces attitudes relèvent du citoyen irresponsable qui resquille, de l’autorité administrative qui se dérobe de ses responsabilités, n’anticipe pas, ne prend pas les mesures même impopulaires qu’imposent la situation des localités qu’elle gère, qui tergiverse, ou qui reporte ses décisions sur d’autres autorités religieuses, traditionnelles, sociales ou même politiques. Le socle de notre pays est l’administration. Je salue le rôle en première ligne de l’écrasante majorité des autorités administratives. Certes une minorité doit se ressaisir.
Notre ligne de défense ne doit pas céder. Nous avons fermé les écoles, les universités. Pourquoi, encore, des daaras restent ouverts ! Ils doivent être fermés, les enfants ramenés dans leurs familles. Pour les talibés qui nous viennent de l’étranger les pouvoirs publics doivent les rassembler et trouver les moyens d’assurer leur sécurité jusqu’à la fin de l’épidémie et retourner dans leur pays les enfants mineurs.
Au nom du respect séculaire et de l’adoration viscérale de nos vieilles personnes, nous avons le devoir impératif de les protéger, de sécuriser ces 6.86% de notre population. Ce sont nos pères, nos mères, nos tantes, nos oncles, nos grands pères, nos grand-mères, nos retraités, nos voisines, nos voisins, etc. Ce sont ces tendres personnes à qui nous apportons le repas les jours de fêtes ou le soir des jours de jeûne. Elles sont tellement peu nombreuses que nous devons tout faire pour qu’elles vivent encore longtemps, nombreuses, parmi nous.
Je salue les efforts incommensurables de notre personnel soignant. Aidons nous en l’aidant, en restant à la maison lorsque nous n’avons pas l’obligation de sortir, en portant un masque lorsqu’on ne peut pas ne pas sortir, en gardant une distance de plus d’un mètre avec son interlocuteur, en se lavant régulièrement les mains avec du savon ordinaire, en respectant l’interdiction de circuler entre les régions, etc.
Enfin, faisons nous un devoir citoyen de respecter les décisions du Président de la République et du Comité national de Gestion des Épidémies.
Lorsque chacun, à son niveau, assumera ses responsabilités, le combat contre le corona virus covid19 sera rapidement gagné.
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