Présidentielle 2019: L’Ofnac prendra-t-il le risque de publier son rapport de 2016 avant les élections?

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Vendredi 05 octobre 2018, bientôt deux semaines que l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a remis son rapport d’activités 2016 au chef de l’Etat, Macky Sall. Un rapport qui tarde à être publié au moment où Nafy Ngom Keïta, deux jours après avoir remis son rapport au président Macky Sall, avait fait face à la presse pour rendre public son rapport 2014.

Une question revient alors. Qu’attend l’Ofnac pour publier son rapport d’activités de 2016 ? Au moment où on parle de ténors du régime qui seraient épinglés. Prendront-ils le risque de le faire à la veille de la Présidentielle ? Senego, qui  s’est intéressé à la question, a recueilli l’avis d’experts...

Il convient, toutefois de rappeler que l’article 17 de la loi de 2012 portant création de l’Ofnac n’a pas précisé de délai à l’instance pour qu’elle rende public un rapport. Mais, pour d’aucuns, ça ne devrait pas dépasser l’année en cours. Un autre point, chaque année, l’Ofnac doit rendre un rapport. Et selon un de nos interlocuteur, ils n’ont pas respecté ce délai. Car le rapport 2016 vient d’être publié alors que nous sommes en 2018. Ainsi, après avoir remis le rapport au président, automatiquement l’Ofnac devait le rendre public.

C’est l’interrogation que se pose Babacar Ba. Pour le président du Forum du justiciable, l’Ofnac a même peiné à établir un rapport. “Il a fallu que les organisations de défense des droits humains tapent sur la table pour qu’il à produise  un rapport. Maintenant, le rendre public, c’est une autre question. Je suis vraiment débutatif à ce que l’Ofnac rende public ce rapport…“, rassure-t-il qu’ils ne vont pas manquer d’exercer une pression pour obtenir gain de cause. Parce que, rappelle M. Ba, c’est une obligation pour Seynabou Ndiaye Diakhaté de rendre public ce rapport.

Si Nafy Ngom Keïta a été, aujourd’hui, limogée, c’est parce qu’elle était en train de faire un excellent travail qui n’arrangeait pas le Gouvernement. Elle avait même entamé des enquêtes sur l’affaire Petrotim et puis d’autres dossiers. C’est peut être à cause de ça qu’elle a été limogée. Nafy Ngom Keïta et Seynabou Diakhaté, c’est tout à fait deux personnes différentes…“, poursuit Babacar Ba.

Lors de la présentation du rapport d’activités 2014/2015 de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), Nafy Ngom Keïta avait fait un sévère réquisitoire contre ce qu’elle appelait “un hydre qui se meut dans toutes les sociétés humaines“.

Dénonçant la corruption qui gangrène le Sénégal. De haut responsables de la mouvance présidentielle avaient été épinglés par ce rapport d’activités 2014/2015. Ils ne seront pas inquiétés car, dénonçait l’opposition, “Macky Sall garde sous le coude les rapports de l’Ofnac…” Qu’en sera-t-il pour celui de 2016 avec les élections à venir, surtout au moment où on parle de proches du pouvoir qui seraient encore épinglés?

Babacar Ba reste sceptique. Pour lui, le contraire l’aurait surpris. Même si la loi impose à l’Ofnac de rendre public le rapport d’activités. Ainsi, en tant que citoyens, c’est sur la base de ce rapport que les sénégalais pourront connaitre les secteurs corrompus. Pour réfléchir sur quoi faire afin d’améliorer les choses. Mais aussi permettre de savoir si l’Ofnac utilise le budget qui lui est remis à bon escient.

Au-delà du rapport, la question que se pose bon nombre d’observateurs c’est: “Quelle est la suite donner à ce rapport?

Pour cet autre interlocuteur de senego, qui a préféré l’anonymat, il faut redéfinir la mission de l’Ofnac. “C’est une structure très centralisée. Mais au niveau même décentralisé on ne sent pas l’Ofnac. On ne sent pas l’Ofnac dans les régions bien qu’il existe des démembrements dans certaines localités. Il devrait surtout se concentrer sur l’administration publique, comme l’Armp et la cour des comptes…“, plaide-t-il.

Lui aussi est d’avis que le rapport devait, automatiquement être rendu public. “Depuis le rapport de Nafy Ngom Keïta“, il rappelle qu’il n’y a pas eu de suite. Il est d’avis que ce rapport ne devrait pas être confiné à des contingences électorales. Pour la bonne et simple raison que ça concerne les deniers publics. Pour lui, “l’agenda politique est différent de celui citoyen…

À mon humble avis et sans l’ombre d’un doute je mets au défi, l’homme et père de famille Macky Sall, le président de la République élu à 65%, le chef de parti APR, le leader de coalition BBY qu’il est et incarne, de rendre public ce rapport de l’OFNAC, je sais qu’il sait que nous savons tous et toutes, que l’Ofnac sait que le peuple sait qu’il ne le fera pas avant le 24 février 2019 parce que ses proches ont trempé leurs 10 doigts dans le pot de ‘Chocoleca’…“, dit-il à senego.

Il reste persuadé que le chef de l’Etat n’ “osera jamais, ni avant, ni après les élections“, rendre public ce rapport. Et que “seul un autre président que lui le fera lorsqu’il (Ndlr: Macky Sall) sera battu…” Et toujours en est-il que, selon Alcaly Diouf toujours, “c’est normal qu’il les protègent car le ‘Wolof Ndiaye’ dit : ‘Dérëtt de fèyy sôtt’“, trouve-t-il, toutefois “anormal qu’il protège les siens car les lois de la République ne cautionnent pas ce favoritisme…

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