Guinée : jour de référendum constitutionnel et de législatives, plusieurs morts dans des violences

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Des violences en Guinée ont perturbé, dimanche, le référendum et les élections législatives qui ont pour but, selon l’opposition, de permettre au président Alpha Condé de se frayer un chemin vers un troisième mandat. Au moins dix morts à Conakry.
Attaques de bureaux de vote, incendies de matériel électoral, heurts entre forces de l’ordre et opposants… Des violences ont troublé la tenue du référendum constitutionnel et des élections législatives, dimanche 22 mars, en Guinée.
« Au moins dix personnes » ont été tuées à Conakry, a affirmé dans un communiqué le collectif de l’opposition et de la société civile guinéennes opposé à un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé.
Les manifestants anti-Condé ont « bravé les balles des forces de l’ordre qui ont arrêté massivement, tiré aveuglément, molesté cruellement, tuant au moins dix personnes et blessant par balle plusieurs dizaines » de personnes, a indiqué le FNDC, le collectif réunissant les partis de l’opposition et des organisations de la société civile.
Les autorités n’étaient pas joignables pour commenter ce bilan qui n’a pu être confirmé de source indépendante.
Selon l’opposition, ces élections ont pour seul objectif de permettre à l’actuel président de se frayer une voie vers un troisième mandat.
Le FNDC « appelle à intensifier les manifestations lundi, et mardi avec pour objectif ultime le départ du dictateur Alpha Condé ».
Policier et gendarmes attaqués
Prévu de 8h à 18h, le vote a commencé à l’heure indiquée dans une école du centre-ville de Conakry.
À Ratoma, en banlieue de la capitale guinéenne, la situation a très vite mal tourné. Des partisans de l’opposition ont attaqué des gendarmes devant des bureaux de vote. Une autre école a été attaquée dans la même zone et le matériel électoral saccagé. En l’absence d’électeurs, selon un journaliste de l’AFP et des témoins.
Des affrontements sont également survenus dans d’autres banlieues de Conakry comme à Cosa, Hamdallaye, Dar Es Salam et Lambanyi. Des jeunes de l’opposition y ont attaqué les policiers et les gendarmes sécurisant le vote.
Caillassées, les forces de l’ordre pourchassaient ces jeunes et lançaient contre eux  des grenades lacrymogènes. Des tirs ont été entendus en plusieurs endroits à Conakry.
Climat de vives tensions
Joints dimanche par l’AFP, des responsables de l’administration territoriale [Intérieur] n’avaient pas réagi.
« J’espère que tout se passera dans la paix et la tranquillité, et que le peuple guinéen, comme en 1958, montrera sa maturité », a déclaré, après avoir voté à Conakry, le président Alpha Condé, en faisant allusion au « non » de la Guinée, ex-colonie française, au référendum qui a ouvert la voie à l’indépendance de ce pays ouest-africain. Il n’a pas évoqué les incidents en cours.
Il y a trois semaines, le référendum constitutionnel et les législatives avaient été reportés à la dernière minute dans un climat de vives tensions.
La nouvelle Constitution proposée par Alpha Condé limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais ses opposants l’accusent de vouloir remettre son compteur à zéro.
L’opposition avait promis de boycotter le vote et d’en empêcher la tenue, mais la persistance des troubles n’a pas dissuadé le gouvernement d’organiser les scrutins, pas même l’apparition récente du coronavirus.
Covid-19
En Guinée, deux cas de contamination ont été déclarés dont un a été guéri, a annoncé samedi le gouvernement. La présence du coronavirus suscite l’attention dans un pays où la fièvre Ebola a fait 2 500 morts entre 2013 et 2016.
« J’ai comme l’impression que notre pays prend les choses à la légère », s’émeut Amadou Oury Bah, banquier et homme politique.
Le parti au pouvoir appelle toute fois à aller voter. « Nous insistons sur le strict respect des règles hygiéniques [dimanche], a notamment dit l’un de ses responsable, Fodé Cissé.
Plusieurs chefs d’État ouest-africains ont annulé leur mission de bons offices au cours de la semaine en Guinée. Avant le vote initialement prévu le 1er mars, deux grandes organisations régionales avaient renoncé à déployer ou avaient rappelé leurs observateurs.
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